RÉCIT COQUIN
LE SALAUCRATE
CHAPITRE 1
" La pornographie (masculine) représente les femmes comme des êtres assoiffés de sexe : poussées par une pulsion irrésistible, elles ne pensent qu'à se jeter sur le pénis de l'homme. Telle est, du moins, la manière dont les hommes croient que les femmes se comportent avec eux. La pornographie imagine les femmes dotées des mêmes pulsions que les hommes et leur attribue les mêmes désirs et les mêmes fantasmes ; elle fait coïncider désirs masculins et désirs féminins … "
Francesco Alberoni " L'érotisme ".
Je ne suis ni phallocrate ni misogyne, j'aime trop les femmes pour cela.
Bien sûr, je ne les aime pas en premier lieu pour leur intelligence, ni pour leur spiritualité, mais bien pour le plaisir que la possession de leur corps me procure.
Quand je dis aimer, ce n'est donc pas véritablement le terme qui convient le mieux. Il n'implique pas ce rapport et cette tentation à l'autre, cette fameuse question d'un quelconque sentiment amoureux. Je pourrais tout aussi bien dire que j'aime le gâteau au chocolat.
Non, je ne les aime pas d'un sentiment amoureux, mais reconnaître que le désir et l'attraction universelle des corps sont là, en jeu, correspond, avec plus de précision, à mon propos.
Je ne leur fais d'autre promesse que celle de les aimer physiquement avec toute la dextérité que des années de pratique et d'études m'ont apportées.
Je les désire toutes : les brunes, tout comme les rousses, et sans oublier les blondes, qui ne sont pas plus idiotes que les autres.
Ma première véritable relation sexuelle, je l'ai eue avec une blonde et même si ce n'était pas le coup le plus mémorable de ma carrière de pornographe, cela ne s'oublie pas.
Mais de cela, je parlerai plus tard !
Oui, je les aime toutes : les petites et les grandes, les minces et les bien en chair, les très jeunes et les bientôt vieilles, - et non pas les trop jeunes et les déjà très vieilles, je ne fais ni dans la pédophilie ni dans la gérontophilie et, à part ces deux extrêmes, l'âge m'importe peu - car elles me procurent toutes l'ineffable sensation d'exister de par mon membre dur et dressé qui, fouillant leurs entrailles, leur apporte les plaisirs d'une soumission totale et inconditionnelle.
Quand je les laboure de mon pieu, tel le paysan travaillant dans son champ, avec une obstination et une dextérité toutes professionnelles, je me sens vivre et cette vie trouve un sens à mes propres yeux.
Je suis un membre vivant et palpitant et la turgescence de mon sexe réclame inlassablement le prochain fourreau qui l'accueillera. Ma verge est comme l'épée maudite " Stormbringer ", d'Elric le nécromancien, elle réclame de s'abreuver autant que possible d'âmes perdues et innocentes.
Il paraît que je ne les respecte pas, mais que vient faire le respect là-dedans ? Quand elles sucent mon sexe, souillé de leur liquide et de leurs déjections, après que je les ai copieusement enfilées par chacun de leurs orifices visqueux, comment voulez-vous que le moindre sentiment de respect naisse et se développe alors entre nous ?
Selon moi, les femmes ont cette capacité de se soumettre à une juste punition, qu'elles réclament à corps et à cris, pour apaiser leurs désirs libidineux. C'est " Le plaisir inavouable mais immense de la soumission " (1)
(1) Catherine Breillat " Pornocratie".
Elles exigent, par le plaisir et la douleur ainsi procurés, dans l'effacement de leur conscience et dans une perte de tout contrôle d'elles-mêmes, d'être punies de leur désobéissance à la morale, que la société et le discours parental leur ont inculqué depuis la plus tendre enfance et qui provient de traditions aussi séculaires que génétiquement programmées.
Pour moi, les femmes ne sont pas toutes des salopes, elles sont des êtres ouverts de par leurs orifices qui ne demandent qu'à être comblés. Et c'est par le remplissage de leurs vides qu'elles ressentent le sentiment d'être apaisées et comblées au sens, cette fois, second et émotionnel du terme.
Je suis ni un phallocrate ni un misogyne car ce qu'elles réclament de moi, c'est de les souiller au plus profond de leur corps et de leur âme, de les transformer ainsi du statut de fille ou d'épouse parfaite, à celui de femelles réclamant le rut et l'absolution dans le coït.
Non, je suis juste un salaucrate ! car en les salissant, je les rends plus humaines et par conséquent moins parfaites.
La perfection en ce monde n'existe pas. Il faut donc cesser d'exiger de la gent féminine qu'elle se conforme à cette exigence de perfection, toute religieuse, associée au fantasme du pêché originel.
Lilith était la véritable première femme et l'égale de l'homme aux yeux du Créateur. Décrite dans les anciens testaments des siècles, avant que les auteurs de la bible racontent Eve, créée, selon eux, à partir d'une côte d'Adam et qui est donc son inférieure par sa provenance même.
Et toutes les femmes doivent depuis racheter le péché d'Eve et se conformer à un comportement angélique, humble, obéissant, sans excès et surtout soumises au pouvoir du grand totem phallique. Par la suite, même Lilith sera rabaissée au rang de démon.
Pour moi, les femmes ne sont ni des anges ni des démons, mais juste des enveloppes vivantes pour mon membre viril, mon sperme les purifiant et les souillant tout en même temps.
Je suis un salaucrate, car j'ai élevé au rang d'une quête la meurtrissure de leurs corps et la plénitude de leurs âmes, apaisés par tant de jouissances, asservis à leur plaisir et par conséquent au mien.
Mon sexe a ce pouvoir, au sens originel et latin de la syllabe.
Dans la cour du collège, pendant la récréation, nos discussions entre garçons portaient de moins en moins sur nos jouets respectifs, mais de plus en plus sur celui qui se tapissait à l'ombre de nos poils pubiens clairsemés. En ce début de floraison et de printemps naissaient, en effet, nos premiers émois sensuels et notre conscience des choses du sexe.
C'était l'été, mes parents m'avaient envoyé pendant quatre semaines en vacances à la campagne, chez mes grands-parents. J'avais alors dans les quatorze ans, je venais à peine de sortir de l'enfance et peu à peu mon corps se transformait en celui de l'adulte névrosé que je serais bientôt.
Mon entrée au lycée marqua un autre tournant dans ma vie sexuelle. Le bahut se situait dans la plus grande ville du canton et je réalisais, bien vite, qu'il abritait un assortiment féminin très diversifié et de qualité. De fous rires, en amours soudains, le temps passait agréablement sous le préau du bâtiment scientifique, alors que nous fumions des cigarettes de manière désinvolte.
Toutes mes études post-bac furent accompagnées par une seule fille, Nadia, cette fameuse petite brunette au sourire divin et qui symbolisa la rupture d'une promesse personnelle inconsciente de fidélité à mes principes. C'était la première fois que j'étais, non seulement séduit, mais de plus amoureux.
Nous les mecs, nous adorons nous retrouver ensemble, si possible avec une bière à la main et de préférence dans un bar avec de la musique pour couvrir nos propos et pour avoir des jolies filles à mater.
Cette ambiance est pour nous l'occasion de nous livrer à l'une de nos joutes verbales préférée, le déblatérage sur les gonzesses et l'exagération de nos performances sexuelles du moment.
À vingt-neuf ans, presque trente, je suis comme on dit tombé follement amoureux d'une fille de la classe de mon neveu. C'était la plus belle fille du Lycée, elle avait dix-sept ans et il dégageait de tout son être un mélange aphrodisiaque de maturité sexuelle et de naïveté infantile, qui me faisait complètement craquer.