RÉCIT COQUIN

LE SALAUCRATE
CHAPITRE 2

" Il n'est rien au monde dont l'homme se cache si totalement que la masturbation ".
Maurice SACHS - " Le sabbat ".


" Le plus souvent, je préfère sans accessoires, le majeur bien en place et roulez jeunesse! Evidemment une langue ce serait l'idéal. Et l'idéal de l'idéal, ce serait ma langue… "
Cécile Philippe - " Petites histoires horizontales ".



Dans la cour du collège, pendant la récréation, nos discussions entre garçons portaient de moins en moins sur nos jouets respectifs, mais de plus en plus sur celui qui se tapissait à l'ombre de nos poils pubiens clairsemés. En ce début de floraison et de printemps naissaient, en effet, nos premiers émois sensuels et notre conscience des choses du sexe.
Certains d'entre nous étaient déjà plus formés que d'autres. Pour ma part, ma stature naturelle et une pratique régulière du sport, m'octroyaient un corps qui n'était déjà plus celui d'un garçonnet.
Nous commencions à comparer la taille de nos " zizis " et nous prenions l'habitude de surveiller, chez nos camarades féminines, l'émergence de cette protubérance poitrinaire qui caractérise l'entrée, plus précoce chez celles-ci, dans la puberté.
Des premiers baisers s'échangeaient entre nos deux groupes distincts, à la sauvette, dans l'ombre de ce petit préau qui laissait passer la pluie par endroits, en hiver, et que j'ai arpenté quatre années durant. Bien vite, après ces échanges timides, rendus courts par peur que le surveillant nous surprenne, nous abreuvions de commentaires ceux et celles qui formaient le groupe de nos confidents.
Rires nerveux et regards plein de sous-entendus, les garçons à gauche du préau et les filles à droite, ponctuaient ce clivage des sexes, comme le démarrage d'une complète incompréhension.
Cette incompréhension mutuelle, certains mettront toute une vie, même commune, pour en lever le voile, s'ils le lèvent un jour.

Une jolie brunette, prénommée Laurence, avait jeté son dévolu sur ma personne et ensemble, nous avons avancé par tâtonnement vers cette découverte, quasi biblique, du péché originel : La fin de notre cécité et la vision - enfin ! - de nos corps respectifs pris d'un déluge de pulsions et de sensations nouvelles.
Outre nos embrassades furtives à l'école, nous avions l'occasion de nous voir lorsque mes parents n'étaient pas à la maison le mercredi après midi. Laurence venait alors pour jouer à des jeux que je qualifierais d'érotiques, mais qui ne consistaient qu'en une simple mise au point de l'effervescence hormonale que nous subissions.
Le plus fréquent d'entre eux consistait à courir à quatre pattes, le pantalon et la culotte baissés jusqu'aux genoux et à faire la course d'un bout à l'autre du garage de mon père, le cul à l'air. Cette manière et de nous dévoiler à l'autre passait ainsi par un jeu puéril de défroque qui nous détournait alors de toute responsabilité quant à la nature de nos actes.

Avec Laurence, nous nous sommes mutuellement permis de découvrir le corps et le sexe de l'autre, ceci afin de nous persuader de leur complémentarité.
Nos rencontres, dans un premier temps, étaient rares et nous restions toujours sur le qui-vive, de peur de nous faire surprendre par un adulte. Nous supposions, et nous avions raison, que ceux-ci ne comprendraient pas ce que nous faisions alors, et n'admettraient pas que des enfants de douze ans se livrent à des jeux " pervers " dans une parodie ridicule de nudité.
Mais, lorsque ces jeux devinrent plus calmes et plus attentionnés, le fils des voisins en profita pour nous surprendre et pour se précipiter d'aller le rapporter à sa mère. Celle-ci en fit bien sûr de même à la mienne.
J'eus droit à une morale en bonne et due forme, ma mère me mettant en garde contre la perversité des filles et me recommandant de ne plus me laisser faire par elles. Elle était à ce moment-là, comme toutes les mères, persuadée de mon innocence et de la culpabilité inconditionnelle de la jeune Laurence, qui m'avait entraîné dans des " choses ", comme elle les définissaient, empreinte de discours et d'idéologie judéo-chrétienne, qui n'étaient " pas de mon âge ".
J'aurai toujours ce souvenir, dans la cuisine, de ma mère penchée sur moi de toute sa poitrine ouverte à mon regard, et de mon père en arrière plan, qui me regardait avec un sourire fier et paternel, mal dissimulé.
J'ai promis ce jour-là à ma mère de ne plus recommencer, mais je n'ai bien sûr pas tenu parole. Et même si mes rencontres avec Laurence furent condamnées à rester une idylle de préau, ce ne fut que temporaire.

En effet, après le printemps vint l'été, et l'époque bénie des vacances scolaires. Laurence, comme moi, était née en juillet, et notre anniversaire vint très vite.
Avec l'arrivée dès treize ans, notre relation changea aussitôt. Nous étions empreints de respect, de calme, avec l'impression d'avoir grandi et de pouvoir enfin passer à l'apprentissage du roulage de patins, que nous pratiquions des heures durants en des entremêlements hésitants de langue et de salive. Je dois même avouer en avoir vomi la première fois mon petit-déjeuner.
Nous partions souvent en forêt lorsqu'il faisait beau, et nous avions un jour déniché une petite clairière à l'abri des regards indiscrets où nous restions nus et allongés au soleil, nous embrassant et nous caressant mutuellement, du bout des doigts.
Si ce n'est pas avec elle que j'ai acquis mes véritables premiers faits d'armes en matière de sexualité, elle m'a pourtant fait découvrir et apprécier la sensualité du jeu des corps qui se frôlent, se désirent et se cherchent.

Mais les bonnes choses eurent une fin. Avant de franchir le pas de la fusion des corps, les parents de Laurence décidèrent d'un commun désaccord de divorcer. Le 2 septembre fût le dernier jour où je la vis, visage larmoyant et main convulsée en un ultime signe de la main, tandis que la voiture de sa mère tournait définitivement au coin de la rue.
C'est à partir de ce moment que j'ai vraiment commencé à me masturber. Même si je le faisais avant, c'était surtout pour terminer ce que nous commencions avec Laurence, avec le souvenir, encore frais dans mon esprit, de ces instants érotiques. Mais, maintenant, nos jeux me manquaient, et je me mis à rechercher à tout prix l'équivalent des désirs et des sensations que je ressentais avec elle.
Dans la chaleur de mon lit et le poing serré contre mon sexe, je faisais défiler dans ma tête des souvenirs déjà voilés par le temps, où s'immisçaient de nouveaux visages féminins apportés par la rentrée scolaire.
Un simple regard échangé au coin d'une rue, un joli cul mal dissimulé derrière une robe légère, des jambes dévoilées sous le pupitre d'une élève, suffisaient à alimenter mes fantasmes.
Les yeux fermés, je vivais des instants d'une intense réalité virtuelle et hallucinatoire, et ma chair ondulant autour de mon sexe gonflé se transformait dans mon cortex survolté en l'excise sensation de fourrager une jolie nymphette timide et permissive, bien qu'un peu effrayée, par chacun de ses orifices ; achevant le plus souvent, comme disait Gainsbourg, par le moins lisse où je m'abandonnais.

Ce besoin impérieux de répandre au plus vite mon désir pouvait me saisir n'importe où et je me précipitais dans les coins les plus vides possible du regard des autres, portes cochères dérobées, sanisettes, ruelles sombres, … L'endroit comptait beaucoup, et plus il était spécial, plus il me comblait rapidement.

Un week-end Pascal doublé d'un lundi férié, je me suis masturbé dans la petite culotte de ma cousine Susie, âgée de quinze ans et venue pour quelques jours avec l'oncle Paul et la tante Clarisse de sa Normandie natale.
Je l'avais découverte camouflée et enfouie dans la corbeille de linge sale, tachetée de traces sombres. Je connaissais déjà l'origine mensuelle de ces traces, et loin de me dégoûter, cette culotte blanche maculée de la honte de ma cousine, jolie blonde au visage émaillé de taches de rousseur, m'excita au plus haut point.
Je jouis longuement dans l'intimité de Susie, me gardant bien de lui rendre la culotte une fois qu'elle et ses parents repartissent, imaginant ma cousine empalée, humiliée, aimante, amante, dévergondée, grondée, affalée, abandonnée, réclamante, hardante, dégoulinante de son plaisir et du mien partagés.
À la fin de l'année scolaire, je me rendis compte que l'hiver avait transformé la culotte en un chiffon difforme et inutilisable, sous l'assaut de mes milliers de masturbations frénétiques. Je décidai de me séparer de ce symbole, me faisant la promesse d'en retrouver un autre très prochainement.

LE SALAUCRATE
La Suite

Dans la cour du collège, pendant la récréation, nos discussions entre garçons portaient de moins en moins sur nos jouets respectifs, mais de plus en plus sur celui qui se tapissait à l'ombre de nos poils pubiens clairsemés. En ce début de floraison et de printemps naissaient, en effet, nos premiers émois sensuels et notre conscience des choses du sexe.

C'était l'été, mes parents m'avaient envoyé pendant quatre semaines en vacances à la campagne, chez mes grands-parents. J'avais alors dans les quatorze ans, je venais à peine de sortir de l'enfance et peu à peu mon corps se transformait en celui de l'adulte névrosé que je serais bientôt.

Mon entrée au lycée marqua un autre tournant dans ma vie sexuelle. Le bahut se situait dans la plus grande ville du canton et je réalisais, bien vite, qu'il abritait un assortiment féminin très diversifié et de qualité. De fous rires, en amours soudains, le temps passait agréablement sous le préau du bâtiment scientifique, alors que nous fumions des cigarettes de manière désinvolte.

Toutes mes études post-bac furent accompagnées par une seule fille, Nadia, cette fameuse petite brunette au sourire divin et qui symbolisa la rupture d'une promesse personnelle inconsciente de fidélité à mes principes. C'était la première fois que j'étais, non seulement séduit, mais de plus amoureux.

Nous les mecs, nous adorons nous retrouver ensemble, si possible avec une bière à la main et de préférence dans un bar avec de la musique pour couvrir nos propos et pour avoir des jolies filles à mater.
Cette ambiance est pour nous l'occasion de nous livrer à l'une de nos joutes verbales préférée, le déblatérage sur les gonzesses et l'exagération de nos performances sexuelles du moment.

À vingt-neuf ans, presque trente, je suis comme on dit tombé follement amoureux d'une fille de la classe de mon neveu. C'était la plus belle fille du Lycée, elle avait dix-sept ans et il dégageait de tout son être un mélange aphrodisiaque de maturité sexuelle et de naïveté infantile, qui me faisait complètement craquer.

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Fièrement dénommé Le Salaucrate